Iceland

Profitant de mon stage de Master pour voyager, me voila parti un peu dans la précipitation en Islande, alors que mon contact pour la Nouvelle-Zélande m'a "lourdé" un mois avant le départ... Donc bon, quelques infos prises à la va-vite en cette période d'examens, et me voilà parti avec une soie de 5, un étau et quelques matériaux, pas le temps de monter avant, au moins je pourrais m'adapter sur place!

Premières impressions, ce pays est extrêmement accueillant, et les paysages sont immenses! Bon, en revanche, il y a suffisamment de neige pour me faire comprendre que la pêche ce sera pas pour tout de suite...

Je loge dans un petit village, 80 âmes, en contrebas duquel s'écoule une belle rivière! Malheureusement ici, tout est privé - ou presque -, seuls la mer et quelques rares petits lacs sont "publics" - encore faut-il avoir le " veidikortid", la carte de pêche locale. On nous indique également que si la rivière est privée, les canaux agricoles autour peuvent être pêchés sans solliciter l'autorisation du propriétaire. Un petit lac public m'est également signalé pas très loin du labo, c'est d'ailleurs là que commence véritablement la pêche...

Je trouve le moyen de me faire déposer sur le petit lac précédemment cité, que j'avais repéré à la suite d'une pêche scientifique aux épinoches. De nombreux gobages avaient signalé la présence de poissons en bordure, qui me hantaient d'autant plus que cela faisait déjà un ou deux mois que je n'avait pas pêché. Je sors fébrilement le matériel, je mets un vilain parachute sombre qui me paraît imiter à peu près les gros chironomes qui semblent constituer l'essentiel des insectes du coin, un ou deux faux lancers plus tard et je prends ma première "icelandic trout"! Un poisson pas énorme certes, mais la robe est superbe et la défense impressionnante!l

La pêche est plutôt facile pour le moment, j'enchaîne pas mal de truites et d'ombles chevaliers - ou "arctic chars". Soudain, sur une mouche en chevreuil un poil draguée, une explosion se produit: un poisson violent et survitaminé me prend de la soie dans le moulinet, après un premier jump je sais qu'il est vraiment steack! Un combat tout en douceur pour contrer l'extrême violence des rushes, et c'est une "vraie" maman truite qui vient poser pour la photo!

Quand le poisson dépasse des deux côtés de l'épuisette, c'est qu'on passe une bonne journée...

Le soir tombe, je dois rentrer, mais je suis pleinement satisfait de cette journée, d'autant plus que le comportement des poissons sur les mouches draguées me laisse une petite idée derrière la tête...

Trois jours après, me revoilà sur ledit lac, et cette fois c'est l'occasion de mettre en pratique ma théorie: streamers en chevreuils! L'occasion de pêcher avec des imitations de souris / musaraignes que je n'avais jamais osé sortir de peur d'effrayer le poisson sur nos rivières françaises, mais qui pourraient peut-être réveiller l'agressivité des truites islandaises, jamais pêchées... A la première tirée, c'est gagné! Je suis bluffé par la taille de cet arctic charr: il devait vraiment avoir très faim!!

Je relance, et sur une bordure, c'est l'attaque! Sans aucune retenue, pleine de violence, on peut difficilement qualifier cela de "touche", ça ressemble plutôt à un torpillage en règle de la pauvre souris! Heureusement, j'ai pris la précaution de monter un peu plus costaud, vu la facilité de la pêche et le tapis de végétaux épais qui recouvre le fond du lac... Ce qui ne m'empêche pas de galérer à amener à l'épuisette des monstres de puissance pareils, de vraies locomotives!!

Par la suite, j'enchaîne les poissons de toutes tailles, qui se jettent allègrement sur la souris, sans aucune hésitation! J'ai presque honte tellement c'est facile... Mais quel pied!!

Il y a des regards qu'on n'oublie pas de sitôt...

Quand je dis "aucune hésitation", je pense être encore loin de la vérité... heureusement, pas d'ardillon!

Pour la suite, deux autres camarades de la promo suivante ayant choisi de faire leur stage de M1 au même endroit, je récupère un acolyte moucheur! Lui a une canne un peu plus virile, une soie de 8, qui lui permet d'envoyer du stream un peu plus volumineux... Nous retournerons quelques fois sur ce lac, qui deviendra semble t'il moins facile au fur et à mesure, soit que les poissons apprennent vite, soit que l'été passant vite, ils aient un peu moins faim qu'à la sortie de l'hiver ou qu'ils aient simplement changé de localisation (la seule berge pêchable étant assez limitée...).

Par la suite, nous testons les canaux agricoles. Justin trouve un petit ruisseau, ou il paraîtrait qu'il y aurait des monstres... Une seule manière de vérifier: y aller! C'est à 20 minutes de marche, mais le jeu en vaut la chandelle. D'énormes arctic chars flânent dans le cours d'eau, absolument pas effrayés par nos silhouettes pourtant évidentes et mouvantes!! Et comble de facilité, ils mangent n'importe quoi, n'importe comment. Pour illustrer mes propos, nous pouvions pêcher scion dans l'eau, avec 20 cm de bas de ligne dehors, et déposer la nymphe directement dans leur bouche, ils se déplaçaient même pour l'attraper. A vous dégoûter de la pêche...

Un scandale vous dis-je!

Et voilà, après quelques trop courts mois de pêche, c'est le retour vers le pays natal, les truites risquent d'y perdre en taille... Mais bon, on se consolera avec les brochets, sandres, perches et autres hôtes piscivores de nos cours d'eau!